El Canapé
À DIRE À UN MARIAGE – PAR G.M.
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L’ semaine passée, par attombance,
La semaine passée, par hasard,
J’astou tout seu devé l’salon,
J’étais tout seul dans le salon,
El canapé m’a tout au long
Le canapé m’a tout au long (du temps)
Raboulotté ses confidences :
Rabâché ses confidences :
Du temps jadis, m’a-t-i conté,
Du temps jadis, m’a-t-il conté,
On n’astou nie si affronté !
On n’était pas si effronté !
Assisie-vous sans prenne la fuite
Asseyez-vous sans prendre la fuite
Et vos allez m’comprenne tout d’suite.
Et vous allez me comprendre tout de suite.
Les amoureux qui sont dauci,
Les amoureux qui sont ici,
Tous les diméches et co l’jeudi,
Tous les dimanches et encore le jeudi,
N’ont ni trop l’air de s’fai idée
N’ont pas trop l’air de se rendre compte
Que c’est pour mi des dures journées.
Que c’est pour moi des dures journées.
Des heures et des heures tout au long,
Des heures et des heures durant,
Pa tous les temps d’tous les saisons,
Par tous les temps de toutes les saisons,
I vienn’tent qué d’vé mes fleurages
Ils viennent chercher dans mes champs de fleurs
El mèyeuse plache pou l’fréquentage.
La meilleurs place pour le flirt.
C’n’est nie assez qui sont rouyants ;
Ça n’est pas assez qu’ils soient remuants ;
I s’mettent à deux su l’même portant
Ils se mettent à deux sur la même assise
Et m’faitt’ent enne fosse en plein mitant !
Et me font une fosse en plein milieu !
Despu deux ans que c’jeu là dure,
Depuis deux ans que ce jeu-là dure,
C’nest nie à croire tout çau qu’j’édure.
Ce n’est pas croyable tout ce que j’endure.
Et vos m’direz si j’ai minti
Et vous me direz si j’ai menti
Quand vos m’arez bi erwéti.
Quand vous m’aurez bien regardé.
Malgré m’zersorts eyé m’bourrage
Malgré mes ressorts et mon rembourrage
De crin frisé eyé d’fourrage,
De crin frisé et de fourrage,
El poil d’em’ v’lours est rabattu
Le poil de mon velours est rabattu
Tout tourpiné et tout r’quèyu,
Tout enroulé et tout retombé,
Enne vrai pitié, comme el touyage
Une vraie pitié, comme le mélange
D’in camp d’aveine après l’orage !
D’un champ d’avoine après l’orage !
Si mes ochaux sont tout doreux,
Si mes os sont tout douloureux
C’est yeusse el cause à tous les deux
C’est eux qui en sont la cause tous les deux
Qui m’ont forchie à tant d’fatigues
Qui m’ont forcé à tant de fatigue
Que j’sus tout rwô d’mes roumatiques.
Que je suis tout usé de mes rhumatismes.
Quand c’que c’est qu’j’ârai mérité
Quand est-ce que j’aurai mérité
Em’ pension d’invalidité ?
Ma pension d’invalidité ?
Après tout c’est d’z’ idéalisses :
Après tout c’est des idéalistes :
Qui vouchtnet fai l’voyage en Suisse !
Qu’ils aillent faire le voyage en Suisse !
Qui vouchtent gripper su les rocs
Qu’ils aillent grimper sur les rocs
Aveu n’broque qur c’t-in Alpenstock,
Avec un ustensile que c’est (qu’on nomme) un Alpenstock*,
I sâront là d’lé les nuages,
Ils seront dans les nuages
C’est tout jusse pou luns calaudages ;
C’est tout juste (ça tombe à pic) pour leur ébats (câlins)
Qu’i desquedichtent les ravins
Qu’ils descendent les ravins
Sans s’rasteni à les chapins
Sans se retenir aux sapins
Et qui r’montichent t’aussi rette
Et qu’ils remontent aussi vite
Su l’aute versant jusqu’à l’coupette,
Sur l’autre versant jusqu’ au sommet,
Eyé qu’tous les forches qu’ils ont d’trop
Et que toutes les forces qu’ils ont de trop
S’usich’tent aissi au grand galop !
S’usent ainsi au grand galop !
… Quand i r’véront i m’channe à vie
Quand ils reviendront il me semble bien
Qui m’lèyront n’miette pus tranquie !
Qu’ils me laisseront un peu plus tranquille !